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Fabrice Caravaca "Quelques banalités au sujet de la démocratie..."






Fabrice Caravaca - Quelques banalités au sujet de la démocratie qui tend à atteindre son degré zéro


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Extrait :

De même que je ne voudrais pas être un esclave, je ne voudrais pas être un maître.
Telle est ma conception de la démocratie.
Abraham Lincoln

(...)

Une démocratie quand elle atteint son degré zéro souffre très souvent et depuis longtemps de paranoïa. Ou de Schizophrénie. Au choix.

Cela ne veut pas dire pour autant qu'elle est et depuis longtemps malade mais plutôt qu'elle est morte.

Mais ce n'est pas parce qu'elle est morte qu'elle n'existe plus. Certains diraient même : au contraire.

Il y a des cadavres qui brillent.

Les cadavres qui brillent peuvent se regarder briller. Même à l'intérieur d'une fiction.

(...)

Avec zèle, certains travaillent à atteindre le degré zéro de la démocratie. Même s'ils affirment toujours avec zèle, aimer la démocratie et donc ses valeurs plus que tout. Ils évoquent, sans vergogne, l'intérêt commun. Ils ne vont pas jusqu'à évoquer le bien commun. Ou pas précisément. C'est leur façon de mettre en pratique l'état de simulacre et de faire briller le cadavre.

Tant que le cadavre brille la démocratie qui tend à son degré zéro a de beaux jours.

Le degré zéro de la démocratie et la plus haute expression du capitalisme sont concomitants.

(...)

Une démocratie qui atteint son degré zéro est une démocratie qui n'est pas une démocratie.

(Le degré zéro d'un territoire qui n'existe pas se situe à ses postes frontières.)

Une démocratie qui tend à atteindre son degré zéro soumet avec son consentement le plus grand nombre.

Le plus grand nombre est un nombre variable qui dépasse la majorité.

La majorité est un concept utile à la démocratie qui tend à atteindre son degré zéro.

(...)

Le mensonge, le divertissement et la peur sont trois piliers des plus importants pour la démocratie qui tend à atteindre son degré zéro.

Le mensonge, le divertissement et la peur (dans le désordre) fonctionnent conjointement.

Le mensonge, le divertissement et la peur (toujours dans le désordre) sont trois ingrédients d'une recette qui donne des résultats.

(...)

Dans une démocratie qui tend à atteindre son degré zéro l'art est une institution

(...)

Il y a aussi, à la tête d'une démocratie qui tend à atteindre son degré zéro un gouvernement. Il se compose de plusieurs personnes qui ne font pas partie du plus grand nombre et qui ne sont pas élues par ce même plus grand nombre.

Une lecture plus ou moins lacanienne du mot gouvernement ferait dire qu'à la tête d'une démocratie qui tend à atteindre son degré zéro on gouverne et on ment.

Le plus grand nombre est très souvent persuadé de vivre véritablement dans une démocratie réelle.

(...)

Le libéralisme, le néo-libéralisme, l'ultra-libéralisme policier sont des noms du capitalisme qui change de nom.

(...)

Quand le silence d'une partie du plus grand nombre se rompt les chiens de garde aboient avec zèle.

De la même façon quand le silence d'une partie du plus grand nombre se rompt les forces du maintien de l'ordre ne se maintiennent plus.

(...)

Dans une démocratie qui tend à atteindre son degré zéro "droits" et "devoirs" sont des mots utilisables à toutes les sauces.

Tuer les symboles est une pratique courante dans une démocratie qui tend à atteindre son degré zéro. Mais on ne déteste pas danser et s'amuser avec les cadavres dans une démocratie qui tend à atteindre son degré zéro.

Le mot "crise" est en vogue. Cela fait déjà plusieurs longs lustres que le mot "crise" est à la mode.

(...)

Dans une démocratie qui tend à atteindre son degré zéro celles et ceux qui gouvernent sont aussi des banquiers voire des hommes ou des femmes d'affaires.

Celles et ceux qui gouvernent dans une démocratie qui tend à atteindre son degré zéro utilisent plus qu'à leur tour l'expression "dette publique".

(...)

Etc.

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Fabrice Caravaca (1977)
ne danse pas toujours. Il sait aussi que sa manière po-é/li-tique d'être au monde (dans la fraternité et la joie) ne peut pas faire l'économie d'aspects critiques plus froids et mordants, parfois plus désespérés, traduits dans des propositions sèches, limpides, assénées par glissements et rebonds... C'est un texte incisif et bref, qui tresse les trois domaines (philosophie, sciences sociales et poésie)  que souhaite traverser (effleurer, retailler, miner ou détourer...) la collection Hami imaginée par Justin Delareux pour sa structure autonome Pli. 7,50 euros port compris ici. Hop !