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Charles Pennequin "Ici hors"






Charles Pennequin Ici hors





Ici hors
la peau se penser
la remue

La voix la vraie
larve et je veau
mon étant

Feu aux langues on
entend cri monter
dans les mains

Les corps ce qui pue
c'est la barbe ont les peaux
la barbouille

Tu par la bouche
es un bloc où finis
c'est les moelles

J'avais ce blanc et
tirais sous l'écueil
une bonne langue de vache

Comme les os
font cailloux tancent à tête
et bruisse ombre

Ardemment le savoir
avachi sang m’y derche
à fond d’homme

L'amas terre poireaute
hors du potin l'encalté
des babioles

L'étant d'où canal du
néant qu'on
n’a quitté

Jeune ma main
faire de moi
l'écrire bien

Et le poil que ces sons
dans ma tête est la langue
sent l'poisson

Les voiles ouvrent les voix
Dans l’haché
D'où qu'elles boivent

Il bruisse en masse ombre
et ça branle à peine
douille

C'est une crasse en clair tosse
au court-jus des basses
quête

Une pensée comme
les nouilles qui dirait
cerveau colle

Ciel jeté me ramasse
en pensée s’aérer
dans les proses

Peigne en l’arrête la suie
un sourd coma
sied tout ça

La langue tousse
un tronc passe
dans l’écrit

Chair jetée la grimace
qui nous porte
à son clou

Ciel rouvert
en sa plaie mer urgée
qui la bêche

L’étant d’os où l’on passe
est un flou
sans musique

Ciel froncé en sa ride
où descendre
les parlottes

J’aime à laper le temps moi
le tempo
toujours mort


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Charles Pennequin (1965)
est une grosse voix acérée dans la littérature contemporaine. Il parle avec son monde, d'où : publications innombrables. Performances et concerts sur des scènes chics et dans des caves de la France entière et jusqu'à Moscou. Vidéos à l’arrache. Écriture dans les blogs, dans les fanzines, dans les revues, sur les murs… Dessins sans regarder. Dessins partout. Improvisations au dictaphone, au microphone, dans sa voiture, dans des TGV. Cris le long des deux voies. Petites chansons dans les carnets. Poèmes délabrés en public. Revuisme. Graphies acharnées. Travail collectif avec tout le monde. Haut dégradé dans l'Armée Noire. Charles Pennequin écrit depuis qu’il est né. Il est absolument vivant. C'est-à-dire dans la merde. Il a récemment publié Tennis de Table (Plaine page, 2016), Les Exozomes (P.O.L, 2016), Ce fut un plaisir et Poèmes collés dans la tête (Cantos Propaganda Productions, 2016 et 2017), La Table D'attente (ESAM Caen, 2017), Gabineau-les-bobines (P.O.L, 2018), Dictaphone (LP Frac Franche-Comté, 2018)... Voilà résumé le non résumable, une exploration de fond s’imposant sur le site de l'auteur ici.
Version remaniée de La parole des corps, texte initialement publié en 1997 dans la revue Sapriphage numéro 30, Ici hors est extrait d'un ensemble anthologique intitulé Père Ancien, à paraître chez P.O.L. Hop !