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Extraits :
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Le dragon, les sauterelles, la vierge, les poissons, le déluge, le serpent, le taureau blanc, les mafias, la tortue, la lune, la petite ourse, les grues, le rossignol, l'étoile des bergers, la monnaie-du-pape, les roseaux... Les nombres sont à écouter : vous montez dessus lorsque dans la mémoire, le paysage, le chant, vous comptez les échecs et les victoires, repérez les premiers et les derniers. Le 3, le 5, l'1, le 2.
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J'ai connu des "hommes" qui, à force de vouloir paraître subtils, ont glissé à l'idiotie, des experts louvoyant dans le sérail - je pourrais dire des eunuques de l'institution : des propres à rien. J'ai pris l'air du large, par mon propre détroit, suivant les pulsations du poème en question.
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Et aujourd'hui : des propres à rien ? Des faiseurs, des sournois, des malins, des mimétiques aux tics inconscients. En d'autres temps la parole célébrait les pulsations, les découvertes, le déroulé vertical, la traversée, la main, la surprise, la grâce, les déesses les dieux et les héros, la chance, les cultures étagées, les passages, la nature qui demeure dans le passage des saisons, la perfection.
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Si je me souviens bien des usages anciens nous avons noté les morts, nous n'avons pas toujours noté les naissances. Une litanie de crimes et de beauté s'est dispersée. Mais les humains écrivent ce que leur dicte leur conduite. Leur richesse se mesure à ce qu'ils convoquent.
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A l'origine, j'inventais un sentier escarpé dans une contrée de culture en terrasse. Aujourd'hui je suis une route aux nombreux faux-plats. La langue en est moins nerveuse. Parfois, dans les couleurs du paysage, la nuance devient la force principale, le centre, la flèche. Les positions s'échangent, terre et nuage. Le poème est plié.
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Le Grand poème en prose vous appartient, il vous appartient d'y entrer où vous voulez pour suivre le cortège des pensées, des malheurs et des beautés. Vous voulez savoir ? peut-être vous préférez non. Poème de notre temps en prose de tous les temps, ou l'inverse.
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Claude Minière est un poète vivant, électron libre de revues comme TXT (où il fût plus influent qu'on ne veut bien le retenir) et D'ATELIER. Son oeuvre dynamique et bondissante, dont il est le performeur hors pair (cf. la psalmodie époustouflante de La mort des héros, publiée sur K7 par Artalect en 1984 et en livre par les éditions Carte Blanche en 1985) est discrète et très importante. Elle est aussi la preuve qu'on peut se calmer sans rien renier ni concéder. On doit tout lire de Claude Minière !