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William Van Straten "Lettre de papa"

William Van Straten Lettre de Papa

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Quoi qu'il dit de morfler, le mouflet ? De quoi qui cause l’albatros, d'asticot ? Il délite en bavant l'enfant infamant ? Rade des pains, t'as vu que tu t'balances au pare brise. Ta morve rose tu peux t'la mettre dans ton p'tit cul de couillon et stopper de t'faire pousser de maux compliqués. Vlà pantin qui pavane comme l'gens d'la tv, qui tire sur moi et mes miens qu'on aime pas d'lire et pas liseuse non plus. I prend des mots païens pi nous biff pareil comme dans l'porno quand le mec il lâche en Anglais dans une lol pas jolie.
Qui t'es plus qu'un marmot dans un lasso qui délasse en mélasse, le ME de la mémé prit dans l’assaut des mots ? T'fous d'sa gueule parce qu'elle est neuneu la névreuse. Elle pige que dalle pi se racle le dentier pas tout à fait entier et qu'elle griffe le parquet. Elle marque des tas de paquets que des mots que tu lui as vomis. Pi vrombit dans sa couche et sort un : que tu dis et toi ? Morpheux t'es heureux comme un pie qu'on vient de traire pour régurgiter de travers. T'étais tout p'tit que d'jà on t'regardait plus que Disney pi on disait : l'est bien i tient d'qui et qui qu'à fait kekette avec sa valseuse pour sortir un biquet si choux, chiant, loin. Vlà comment t'es gaie quand tu causes de tes mots durs. Tu t'sens mieux que les couilles et l'con d'ta mère. Tu nous prends pour des glaires. Finit à la pisse d'un coup de diction d'un légionnaire, l'aurait du brailler plus fort pour t'remettre front du droit. Pas d'respect que la ceinture, l'cuir t'aime depuis qu'tu pleures. L'martinet fait bien l'office. Faut pas chouiner ainsi, ainsi va la vie. T'as vu moi j'peux aussi ainsi trémousser ma langue pour dire. Tet'crois fort intellectuel, t'es branché pi vie la ville. Tu fais l'beau, mais l'soir t'croises les gens d'ici, t'te pisses dessus et fond dans ta veste, t'files droit et dis plus rien, rien de rien, pi t'as rien à dire s'non c'est la rouste, la claque dans le dos du retour à la tête, pi œil poché, puis nez en fleur, pi tes mots qui coulent sur la route avec ton sang. T'fais moins l'malin quand t'es chez moi, chez papa, chez maman, chez les gens pas tertiaire, non nou¬s on est primaire ! Mais c'comme ça, t'fallait naître chez l'notaire, l'type qui plume 'vec des mots de partout et nulle part ; le type qui, comme toi, pi lé p't être ton père, vit dans ses comptes de livres et pas dans l'hasardeuse. C'est carrément bien de t'voir, comme l'gogol du coin qu'on pige que dalle a c'qui dit et pi qu'on s'en fout pas mal. T'prendrait pas de ton perchoir, t'dirait les choses comme c'est bien d'les dire pour tous t'serait pu dans la cave. T'payer un cotte, t'peut dire merci à ta mère. Moi les gras aussi un qu'ingrat qui pas des gens qu'ils veulent mais briller comme néons qui crépite à l'usine ; moi les gras comme ça, je les mire plus et mire à plus de mille. Range ta langue dans t'poche Morpheux, parle nous mieux, pi va bosser un peu.

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William Van Straten (1981) a fait plein de conneries. Puis des études (aux Beaux Arts de Valen-ciennes, à L'Erg de Bruxelles, aux Beaux Arts de Tourcoing). Puis il a encore fait plein des conneries. Franco-Anglo-Néerlandais sans attaches territoriales, il vit actuellement à Bruxelles où il participe au feu! collectif La Coquille et au lancement de l'atelier Asphalte. Pour le temps que ça durera, dans la passion et les heurts. Puis il se déplacera. Il dessine, sculpte, crée des installations, des hétérotopies, seul ou en groupe. Son je disparaît dans la matière. Il écrit sans trop se préoccuper de publier : le geste reste brut, des textes qu'il manque à former, mais lit en public pour sortir du placard. Il est ponctuel. Il est à suivre. Il a publié "L'infranchissable transparence de la vitre" (La coquille, 2016). Lettre de papa a d'abord été publié dans le fanzine La Coquille et sur son site ici.