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Larevue*

Larevue* 
numéros 2013 et 2014 
(Julien Nègre éditeur)

Disponibles ou sur commande dans (toutes) les (bonnes) librairies...


Extrait :

Bruno Fern 2 lignes

Toute l'écriture est de la cochonnerie (1)


TOUTE

à condition qu'elle se touche aux extrémités à la syntaxe la fasse touiller aux commissures tourner à la vitesse


L'E

carte telle qu'en elle-même l'accule dans ses derniers qu'impose la texture qu'atteignirent les Athéniens quand l'eurent dans le baba dans l'os et pas qu'un peu la lèche à fond l'expulse la pousse un


CRI

à déformer sous les effets spéciaux de l'écrit qu'une voix quasi inconnue au répertoire s'escrime à balancer par-dessus bord vers l'avant


TURE

tu parles histoire de moins patauger d'dans de s'en enlever une couche qui tient déjà assez comme ça une dose de confiture de perles jetées à qui l'


EST

ici devant vous faisant mais pas gêné en apparence


DE

s'y voir exposé aux yeux multiples de 2 sans queue ni nom précisé dans la notice de s'y mettre en position de 


LA

montrer sa / son / ses même avec parties fines laissées dans l'ombre pour des raisons + ou - dépendantes de la volonté c'est quoi qu'on dise trop tard pour lâcher le morceau engagé  jusque là dans le lard dans la masse ponctuée si on la reluque bien d'impacts de tous poils et de pores par où filer de bâtons sur cahier d'écolier à la lettre (2) près and


CO

naissant à chaque reprise fait écho crève d'autant la mâ



CHONNE

sa chanson contre la peur (3) et avale au passage divers sucs avec amplification sonore car du coup renchérie par l'autre bout effectuant ainsi un simple transfert de charges un


RIE

un qui fasse la différence dure tant qu'il peut lancé à la face aux parois variées sans s'y croire purifié dans l'oeuf puisqu'en fait jamais il n'y a eu d'origine (4)


1 - Antonin Artaud
2 - "De fait, quand il eut le cahier, il se mit consciencieusement à faire des bâtons... deux pages de bâtons, qui peu à peu devinrent des lettres." (Paul thévenin, Antonin Artaud, ce Désespéré qui vous parle).
3 - Norge
4 - Zanzotto

***





Extrait :

Dominique Quélen Oiseaux 

Il neige. Vas-y pas seul. Ca a été bâclé en un clic. Notre chant. Tu y as équarri un âne et deux boeufs. L'assez longue exécution tire de haut en bas l'animal et on oeuvre bien. Ca prend forme. A une fin est la petite vie une heure ou douze en tout vouée. Buvant. Allant au pas vers le charnier. J'ai nommé charnier la réserve. Au pire ne buvant rien d'eau. En voyant l'heure être la petite aiguille ! Une capacité prend peu de l'oeuvre et a achevé l'eau obtenue de moi. Exécution de l'ordre. L'A B C vient et on est équarri ici. Tel chant a décru qui un jour non. Il a l'espace. Il y va. Y est-il ?

Il fait ça. Il se mange et saisit. On est par deux et de l'eau est à l'oreille. L'oeil et toi pendez. Il faut que ça lui manque. Ca manque. Prends cette oreille. Chose à ne pas qu'il soit. Il est dans ça et le vide. C'est vrai. Puis mon sentiment issu de tous a logé la douleur. La vie avance. Un acte de la vie est proche. La belle santé de leur sentiment ici ! Mon vrai calme vient le matin et c'est bon. Fasse qu'une vive chose arrive ! Cette émotion manque trop. Nous lui manquons et il manque vous et toi. L'oreille va observer l'oeil. C'est par jeu. Aussi se rattrape-t-il.

(...)

La clarté et le mécanisme vont. De la force est telle que notre condition va en se tournant. On reconnait tout. Au loin ressent ou prend jusque dans l'os l'oeil le silence. Ton sombre feu a un éclat ici. Ayez de l'or. Payez. Sa lueur est de nature instable et vive. On est de l'ordre d'un son. Veillons à être quatre. Ne venons pas être fictifs. Du son jaillit bien de notre bouche et dans la nature. On reproduit sa force. C'est de l'eau. Un éclat très fin sombre dans ceci et le bois reste dans l'arbre. Toi ou moi tombons. Au dé on reconnaît l'os. Le mot se dit à condition d'user de telle langue. L'ut de notre mécanisme produira un la.

***

Christian Bernard ¿Aquoibonqu'àca? (neuf sonnets 2013-2003)

(...)

4. Moriturus

Moriturus que fais-tu de ta finitude sinon de tirer sur
la corde ? Et si tu aboies tu n'y crois pas tu le tais tu fais
tapis comme si tu t'accommodais du déni c'est tant pis

Supposons un moment qu'il en aille autrement qu'il y ait
autre chose que des myriades de poussières mercurielles
des flux alternatifs des monades nomades - Ce ne serait
pas lemonde ? Parlez dans l'hygiaphone Merci de na pas

faire d'histoires à défaut de la faire à défaut de l'écrire à
défaut d'y comprendre quoi ?  Merci bien Il faudrait trop
de sparadrap pour panser les couchers de soleil ne pas
perdre le fil le nord la face rester sans voix regarder sans

voir On a beau dire on aimerait cueillir les crépitements 
de l'être à la source on aimerait que les lettres ne noir
cissent pas à l'écran magique pour rien ou pour si peu


mars 2006


5. Feel back

Retour aval haha lent focus vers l'allégorie
de la taverne oui la taverne théâtre sombre
Regarde, les films pleuvent comme des serpentins
fades sur les tamis tremblés de la mémoire

Rebours à nouveau silouhette s'éloignant gris fantôme
plan de coupe entre deux pôles ("du sixième étage")
Les conditions mesurées au seul réel  les rails éblouis
rayant la nuit les objets regardés les invisibles les

révélés à l'infra-rouge et les impensés les non -
La pellicule a peu à peu perdu son pouvoir de
fascination olfactive respire ce flacon d'acide acédique

remémore encore l'odeur de svyniles neufs
qui signait l'excitation des boutiques de disques
- L'une et les autres qui s'en souvient ?


28-29 janvier 2006

***

Charles Racine  Collier, anneau, soeur (extrait)

La musique de la Néance montait dans l'air fermé
Elle dansait autour de la coupe et pénétrait dans le breuvage
Cette naissance de fiel et de musique délectait  mes lèvres invinées
Le coeur chancelant battait où nulle rumeur n'était
le coeur traqué par Soeur Folle qui battait le rappel
Blottie sur les heures céda au soupir
qui sortit de sa glaise de sa matière m'environnait
Le temps tombait en neige     Sujet bref d'existence
où s'évanouit la main éloignée par l'effaçade
Mon corps en proie au silence s'élança vers la coupe
et l'air triste et mouillé fit baver mes lèvres
qui pleurent d'entendre la musique de la Néance

1945

***

C'est, entre autres, Philippe Boutibonnes, Bruno Fern, Dominique Quélen, Typhaine Garnier, Daniel Pozner... et même les "fonds de tiroirs" de Charles Racine (poète suisse trop méconnu) que nous avons aimé dans Larevue* co-animée par Mathieu Nuss et Bruno Fern, revue placée sous le signe de la "variété dans l'esprit", publiant sans commentaire ni présentation écrivains, poètes et plasticiens. Le mise en place brute, austère même (malgré le papier glacé et l'espace laissé par le format choisi) de cet ensemble pour le moins hétérogène a le grand mérite, à défaut de parti-pris radical (qui manque en un temps de manque), d'exhiber la puissance - drôle, inquiète, inventive, intriguante - de quelques-uns qui, par un méchant effet réfléchissant en fadassent sèchement quelques autres. "Totalement engagés dans l'activité de la lecture" (cf le quatrième de couverture du numéro 2013 qui cite Ossip Mandelstam), on arracherait plusieurs pages rageusement (on est pas des modèles de tolérance ici, même si on s'attache à varier dans notre esprit, pas nécessairement pour plaire d'ailleurs. cf le quatrième de couverture du numéro 2014 qui cite François de La Rochefoucauld) ! Joies de l'éclectisme et risques de "l'ouverture", aussi exigeante soit-elle, sans aucun doute... Hop ! Tout ce qu'il y a à savoir sur la revue ici.