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Léon Deubel "Une arche de clarté"

Léon Deubel
Une arche de clarté
(Archives Karéline, 2013)

Disponible ou sur commande dans (toutes) les (bonnes) librairies...


Extraits :

LE GLAS

Les temps sont accomplis : semons les roses noires.
Menons partout le deuil de l'augural trépas ;
Sur les marches du rêve il n'est de plus beaux pas
Et l'Homme est sans grandeur dans l'univers sans gloire.

les longs cris se sont tus qui traversaient l'Histoire,
Impuissant à grandir nos gestes ici-bas,
L'Art déserte sa cause et les vastes combats
Et retombe à la fange où mes pourceaux vont boire.

Loin d'un monde où plus rien ne brule que de vil,
Le Génie a gravi de lumineux exils ;
A l'Horizon des fronts l'Idéal agonise

Comme un soleil se couche en des lagunes d'ors,
Et la nuit, jusqu'au ciel, élève son église
Où le silence est dit pour le repos des morts.

***

A LA FOULE

Comme un débord fangeux qui s'étale et qui monte,
O Foule ! à marée haute, envahis tes faubourgs ;
Pour toi, le crime a peint sa fresque au ciel du jour,
Et la feuille qu'on hurle en attife le conte.

Innombrable troupeau, - pour l'abat ou la tonte,
Sous les porches sanglants de ces temps sans amour
Chassé par d'invincibles dieux, - conduis autour
Du feu de jais du stupre une danse sans honte !

Nous, que jamais ton geste vain n'a subjugué,
Nous allons, cependant, franchir le temps, à gué,
Dévêtu de ton rêve aux trop communes laines,

Pour vendanger la vigne acquise au ciel d'été,
D'où, sur le sol fécond des rives transmondaines,
Doit jaillir le vin clair de notre éternité.

***

DEMAIN

En vain, le jour adverse évoque ceux qui tombent
Et dont la chute, au loin, dans l'âme nous répond ;
En vain, le fleuve nu prépare sous ses ponts
Un départ, sans adieu, d'irrésistibles tombes ;

En vain, pour dévoyer mon effort qui succombe,
La noire faim suspend de périlleux balcons
Sur des galets battus de rêves inféconds ;
En vain, l'amer chagrin réprimé vire en trombe ;

Demain paraît ! Demain ! Jour où, sur plus d'un front,
Tonnants et lumineux, mes pas s'affermiront,
Où d'un geste, arrachant des trompettes à l'ombre

Pour déployer mes cris jusqu'au suprême azur,
Comme une horde dense au milieu des décombres,
Je pousserai mes vers sur le monde futur.

***


Sur Léon Deubel (poète maudit malgré lui et perdu malgré nous), des traces laissées par Patrick Beurard-Valdoye ici (ainsi que dans le numéro 1008 de la revue Europe) et par Eric Dussert .